Une nouvelle heure se lève. Adrien dort.
Le sourd grondement de la ville commence. Elle baille et s'étire.
Les camions ramassent les poubelles.
Des matinaux foncent en accélérant aux carrefours.
Le ciel est blanchâtre, c'est l'aube sale des villes polluées.

Un soleil, las et triste, se traîne, encore ensommeillé, pour aller travailler. Il râle de prendre à nouveau son métro dans la cohue, le froid, les filles trop parfumées, les gens trop mal lavés.
Et les blousons en cuir qui sentent trop fort.
Et le détergent qui sent fort pour qu'on sente qu'il y en a.
Et les mégots froids que sentent les doigts jaunis.

Le soleil en a marre d'être bousculé aux correspondances. Marre de devoir briller en société alors qu'il aimerait paresser les yeux mi-clos, prendre un peu son temps. Et tous les jours, c'est pareil. Le soir, le trajet est plus long : le soleil finit sa journée à l'autre bout de la ligne.
L'été c'est pire : les journées de boulot sont plus longues, et le soir, le métro sue et pue.

Adrien se fout des emmerdes quotidiennes du soleil. Il dort.

A6

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