Adrien, toujours en test, sert les
apéritifs. Il a été présenté comme un ami de
Virginie : ce rôle lui plaît bien et écarte, au moins
provisoirement, les prétendants de son inconnue qu'il
connaît peu mais apprécie beaucoup. La conversation ne se traîne pas mais ne
fuse pas non plus. Pour Adrien, elle marche un peu en
crabe car :
- il sert à boire, (un autre ? Qui en veut ? En as-tu assez
?)
- il participe, sur sa gauche, à une discussion sur le
dernier navet à la mode (et les effets spéciaux ! Oh !
Et la musique ! Ah ! et le scénario ! Euh !)
- Il surveille sans entendre, sur sa droite, le dialogue
entre Virginie et un certain Benoît qui l'a connue
autrefois...
Bien sûr, il en renverse un peu et
émet des opinions distraites ! Mais il réussit dans un
ou deux moments où la conversation est générale à
placer une ou deux phrases qui font sourire Virginie.
Pendant le repas, il trouvera bien une phrase pour
l'émouvoir.
Du calme, petit. Sers les verres et
tiens-toi bien !
Il viendra bien le moment du tendre entretien où ton
coeur parlera à son coeur. Le moment de pénombre où
vous serez seuls, illuminés, au milieu des autres. Le
moment où vous parlerez de rien en vous avouant tout. Le
moment où elle rira trop fort, où tu bégayera un peu,
où elle soupirera, où...
- Quel maladroit tu fais ! Tu as
renversé la bouteille ! Tu rêves ?
- Non, je me demandais simplement si l'espoir construit
le futur ou si la méconnaissance du futur est toujours
porteuse d'espoir ?
- En tout cas, le seul futur que je te vois, c'est plus
de vin jusqu'à la fin du repas, dit ironiquement Sylvie
en tendant une éponge.
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