Thierry Ardisson, collé au mur
Soudainement, je me suis
aperçu que les affiches du magazine Entrevue de Thierry Ardisson dans
les stations de métro étaient systématiquement griffonnées,
arrachées ou rayées. Ça m'a semblé un sujet de réflexion
intéressant. J'ai donc visité 4 stations, dans un quartier réputé
chic et intellectuel : Odéon, Saint-Germain-des-prés, Sèvres- Babylone
et Rue du bac. Photographies entrecoupées de quelques pensées... |
Il y a un désir
net de bâillonner M. Ardisson, de lui ôter la parole, et même
d'enlever sa tête... Peut-être les "anti-Ardisson"
souhaitent-ils qu'il soit moins présent ? Il s'invite chez nous par un
petite lucarne et nous le retrouvons lors de nos déplacements dans la
ville. Les insultes cherchent à le rabaisser. Serait-il un grand homme ? Il y a donc une double tentative : diminuer la présence de l'image de M. Ardisson et faire que les passants perçoivent cette image négativement. L'attaque porte donc sur l'image d'un homme d'image, qui travaille dans l'image et qui place son image sur les murs du métro. Peut-être est-ce là la raison profonde de ce zèle destructeur ? Celui qui se sent mal à l'aise avec sa propre image (ou plutôt avec son image de sa propre image), que peut-il bien penser de Thierry Ardisson ? Enfin, il est amusant de constater que certains coupent, symboliquement, la tête de ce royaliste déclaré ! A ce propos, j'écris ces lignes le 21 janvier 2004, jour anniversaire de la mort de Louis XVI. |
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Il est difficile
d'arracher des affiches publicitaires : la colle tient bien. Pourtant,
certains perdent du temps et de l'énergie à le faire. Signe d'une
motivation forte ? Il y a en outre le risque d'amende. Prendre la
liberté de censurer celui qui prétend montrer librement des images
censurées ne manque pas de sel ! Par le systématisme avec lequel les affiches sont arrachées ou griffonnées, il semble que les "anti-Ardisson" se sentent investis d'une mission : restaurer la qualité de la télévision et de la presse. "Refuse la médiocrité" dit un graffiti aux passants. Un autre raye le logo de France 2, comme si la télévision publique ne devait pas tolérer un Ardisson sur ses écrans. Alors, après la liberté, ceux qui griffonnent ou arrachent les affiches se sentent le devoir de le faire. Si les critiques se concentrent sur Thierry Ardisson, peut-être est-ce parce qu'il est le seul animateur actuellement en publicité dans le métro ? Pourtant, M. Cauet, sur la même affiche, est un peu mieux traité : seulement quelques griffonnages. |
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Sur la partie
centrale de l'affiche, Britney Spears reçoit des commentaires sexuels,
traditionnels sur chaque affiche où elle apparaît. Même si le
décolleté est censuré, il s'agit moins, à mon avis, d'une prise de
parole relative au bien public et à l'intérêt de tous. |
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"Je t'aime
ma chérinou" a tracé un amoureux ! L'a-t-il écrit ici parce que
l'affiche était déjà appropriée par les anonymes et les
sans-voix-publique ? Ou bien a-t-il profité d'un espace entre ces
personnages qui lui rendent si souvent visite chez lui ? Il y a,
peut-être, la
volonté de se mettre au même niveau que les personnalités mais en s'y
ajoutant, pas en les rabaissant.
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